Aux services du vieux pervers – Jeannot

 

***

Les traces de dérapage filent en direction de ce platane à peine marqué par l’impact. Karine reste là bouche bée, blottie dans les bras de Ludivine, des larmes perlant sur ses joues rougies par ce froid d’hiver … Les sillons humides de ses pleurs gelés par les restes d’un Mistral glacial.

L’accident avait eu lieu la veille, aux alentours de 23 heures, à l’apogée de la tempête.

D’habitude, il ne sortait pas aussi tardivement, surtout par ce temps où toutes les petites routes étaient impraticables. Par cette unique fois, pour Karine, il avait créé l’exception qui participa funestement à propulser son Audi sur ce platane centenaire de la Nationale 7. La voiture passait souvent à vive allure devant cet arbre anodin mais jamais il n’aurait pu imaginer qu’un soir, tôles, cuirs et plastiques deviendraient aussi familiers avec son écorce.

En ce début de janvier 2016, Jeannot perdit la vie dans cet accident qui aurait été si banal un an après quand la maréchaussée ordonna la coupe de ce platane suite au constat de son infection par un Chancre Coloré. Juste retour des choses me direz-vous.

Hélas, le vieux Jeannot avait été bouleversé ce vendredi 9 janvier 2016 à 22 heures où Karine l’invectiva sur son répondeur. Il voulait juste arranger les choses …

Tout débuta quand Karine appris que … remontons un peu dans un passé proche.

*

Cécile, la mère de Karine, l’appela pour lui annoncer la bonne nouvelle. Enfin son employeur avait accepté sa mutation et pour plus de commodités, elle se rapprochait de sa fille tant aimée. Elle allait emménager sur Aix-en-Provence et Karine pourrait la voir plus régulièrement. Ravie de cette nouvelle, Karine avait organisé le déménagement et, en ce mercredi 6 janvier 2016 c’est, la Mini Cooper chargée à ras-bord, qu’elle et Ludivine descendaient de Paris, toutes joyeuses de cette escapade …

Cécile venait d’emménager dans une belle maison rue Joannon Marcel Provence avec et, ce n’était pas pour déplaire à Karine, une belle piscine. Elle s’y voit déjà, lovée au bord de l’eau sous le soleil d’été.

— Maman, va falloir que tu investisses dans de belles chaises longues pour Lulu et moi !

— Si c’est pour vous voir plus souvent, je le ferai avec plaisir Krikrine.

— Mais … arrête de m’appeler comme ça, c’est moche en plus.

Cécile adore taquiner sa Krikrine, c’était le surnom que Karine se donnait quand elle était bien plus jeune, à cet âge où les mots sont si compliqués à prononcer. Depuis, sa mère l’appelait ainsi.

— J’aime bien ce surnom moi, c’est mieux que celui que je t’ai trouvé.

— Oh c’est bon, t’y mets pas non plus toi !!!

— Pas de soucis ma Krikrine j’arrête.

— Quel est ce surnom que tu lui as donné Ludivine ?

— Euh … j’sais pas si j’dois vous le dire, ça peut être mal compris par les parisiens.

— Je suis Toulousaine moi ! Donc ça ira !

— Bon euh …

— Non mais ça va pas toi, t’es con, tu vas pas lui dire comment tu m’appelles en plus, t’es folle !

— C’est « ma Cagole » mais chuuut !

— Mais vous faites chier vous deux …

« Prends plutôt ce carton et rends-toi utile », dit-elle en s’adressant à Ludivine.

— Moi je trouve ça mignon « ma Cagole » !

— Maman arrête steuplait, t’es pas venu ici pour m’afficher !

— Mais non ma fille, on te taquine c’est tout …

— Gna gna gna …

La journée se déroule dans la bonne humeur même si elle fut troublée par la casse de la table basse de mamie par les déménageurs. Elle était vieille certes, elle n’était pas très belle mais elle avait une certaine valeur pour Karine qui voulait la récupérer dès que possible. Là, et bien ce sera la déchetterie qui récupérera ces bouts de bois devenus inutiles.

Cécile étant fatiguée par le voyage et le déménagement, les deux jeunes femmes s’éclipsent vers 20 heures.

— Ah merde, on a oublié un carton !

— Non laisse, c’est pour nous, je l’ai caché pour regarder. Ce soir on se plonge dans mes souvenirs !

— T’es sûre ma Cagole …

— Ouais ça va être sympa, tu verras !

— Ok, pourquoi pas, je commande les pizzas !

*

La pizza est posée dans sa boite à même le sol, le carton « Souvenirs » ouvert juste à côté. Assises par terre, les voici en train d’explorer les souvenirs oubliés de Cécile.

De photos en photos, de lettres en lettres, Ludivine tombe sur LA lettre qui fit tout chavirer :

« Bonjour Cécile,

Je suis désolé pour tout, comment me faire pardonner.

Je ne voulais pas t’offenser mais sache que je serai toujours là pour toi et pour notre …

Je sais que je n’aurai jamais dû réagir ainsi, que … que …

Ne m’en veux pas s’il te plait, répond moi, il faut qu’on parle.

Je t’attendrai tous les soirs à 17h30 devant l’arrêt Bagatelle.

Je t’aime.

Ton Jeannot. »

Ludivine blafarde, reste bouche bée à la lecture de ces mots et machinalement entreprend de la dérober à la vue de Karine… en vain :

— C’est quoi ?

— Euh … hein … non rien, c’est rien …

— Montre !

— Non c’est rien c’est une … c’est une connerie …

— Montre j’te dis !

Karine arrache la lettre des mains de Ludivine et la lit.

Mots après mots son teint s’éclaircit puis, rougit de rage, de colère et un peu de honte, elle se jette sur le carton et le retourne. Fulminante, elle farfouille dans le tas de papiers. Une photo où elle pose sur le capitole, une autre en contre-jour où Karine croit reconnaître le physique d’un Jeannot plus jeune, posant à côté d’une Audi 80 « C’est lui ! Oh putain … », hurle Karine.

— Attends Karine, cette photo date des années 80, ça peut être n’importe qui.

— Mon cul oui, c’est sûr c’est lui, putain.

— Mais on voit rien, c’est une ombre noir, ça peut être mon père aussi !

— Ton père vivait sur Toulouse toi ?

— Non mais …

— Mais quoi, tu sais bien que Jeannot oui !

Ludivine, voulant rassurer son amie, fouille à son tour dans les lettres et les photos écartées frénétiquement par Karine.

— Regarde, là c’est pas Jeannot tu vois ?

— Ben non c’est pas Jeannot, ça c’est mon oncle.

— Ah ok, mais c’est la même voiture, c’est peut-être celle de ton oncle.

— Il a jamais eu d’Audi, il est 100% français lui, il n’achète que du français !

— Ok …

— J’te dis que c’est lui, putain cet enculé !!!

— Calme-toi s’il te plait, tu verras ça va s’arranger …

— Rien va s’arranger, c’est la merde jte dis !!!

Au bout de quelques minutes, elles tombent sur une enveloppe fermée et timbrée mais jamais envoyée. Toute chiffonnée, elle attire leur attention, contrastant au milieu des photos et des lettres éparpillées. Karine l’ouvre ou plutôt la déchire :

« Cher Monsieur Jeannot,

Comme vous me l’avez demandé je vous écris cette lettre de ma plus belle plume et debout, mes fesses me font toujours mal (Rire).

Vous vouliez que je vous écrive pour vous donner mes impressions et … et mes envies. Mais tout d’abord je dois vous dire que j’ai été agréablement surprise par cette « séance » qui bien que brutale m’a vraiment plu, serait-ce si anormal que d’aimer être « brutalisée » de la sorte ?

Je sais que je ne suis que la nourrice de vos enfants mais à cet instant j’ai eu l’impression futile d’être bien plus pour vous et j’ai apprécié. Même s’il est vain de vouloir être votre exclusive, ce serait, je dois vous l’avouer, un honneur pour moi.

Monsieur Jeannot, vous écrire ces lignes me replonge dans un passé encore si présent pour moi, je revis chaque instant avec un plaisir délicat. Je m’excuse d’avance si j’emploie le présent dans mes phrases mais même si elle est passée, cette séance est toujours dans mes pensées et je la vis encore et encore. J’espère que vous accepterez mes plus sincères excuses.

Ce matin, quand vous m’avez demandé de vous suivre dans votre bureau, je pensais avoir fauté et c’est la boule au ventre que je vous ai suivi. Votre ton ferme me glaçait le ventre. Quand vous avez verrouillé cette porte j’avoue avoir ressenti un certain trouble, peut-être de la peur. Je ne saurai dire pourquoi, mais je m’imaginais le pire et c’est bien ce qui est arrivée, à la différence près que j’ai adoré cela. Je ne me connaissais pas ainsi et vous avez su le voir, me connaîtriez-vous mieux que je ne me connais. A l’instant où vous m’avez fait signé ce « Contrat », c’est bien comme cela qu’il faut dire ? et bien j’ai hésité, je me demandais ce qu’il m’arrivait, pourquoi ? qu’est-ce ? que dois-je faire ? …

L’excitation était trop forte et j’ai signé, le trouble de l’excitation à l’estomac. A cet instant vous m’avez demandé de me déshabiller tout en fermant les doubles-rideaux. Je ne connaissais pas la suite ni comment j’allais réagir et tout a commencé … »

*

Ludivine regarde fixement Karine, sa Cagole ne disait mot, attentive à ses réactions, elle osa enfin l’interrompre :

— C’est quoi !?

— Hein … quoi ?

— La lettre, elle dit quoi ?

— Euh … j’sais pas, j’comprends pas trop …

— …

— C’est ma mère, elle écrit euh … elle détaille … Jeannot …

— Donne-moi ça !

Sans attendre la moindre réponse Ludivine prend la lettre et à voix haute, continue sa lecture.

« Nue, je suis nue devant vous, le froid de la pièce transperce ma peau, mes tétons se tendent et affirment la fraîcheur ambiante. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que tout se réchauffe …

Vous vous êtes approché et sans crier garde vous m’avez mise à genoux en me disant ces mots qui raisonnent encore en moi :

— Tu es à moi et devant moi, ici, tu te présenteras ainsi !

Je n’ai su vous répondre que par l’affirmative, vous m’impressionnez Monsieur Jeannot.

Quand votre main se pose sur ma poitrine et que d’un geste vos doigts enlacent mes tétons affermis, quand vous les tirez le plus fermement possible et, et que je gémis de plaisir, je n’avais jamais connu cette sensation de douleur plaisante. Vous m’avez fait mal mais j’ai aimé cela. La douleur m’était plaisante et … et, je dois bien vous le dire, excitante.

Du bout des tétons vous m’avez relevée et vous m’avez demandée de danser pour vous, je me suis exécutée alors sans hésiter. Vous m’aviez, dès cet instant, sous votre emprise et je pense que vous l’avez su, j’étais à vous non, pardon, je suis à vous …

Je danse devant vous Monsieur Jeannot, je dandine mes fesses, mes hanches ondulent au gré d’une musique imaginaire, tel un serpent sous votre contrôle je me déhanches, j’amplifie mes mouvements avec pour seul but, vous plaire, vous satisfaire. Monsieur Jeannot, je suis vôtre.

Je vous regarde retirer votre ceinture mais je n’en ai cure, je danse pour vous, tourne sur moi-même, vous présentant tantôt mon séant, tantôt mes tétons toujours endoloris par vos doigts. Je sens mon trouble s’échapper par mon con, je mouille et je le fais pour vous Monsieur Jeannot …

D’un coup votre ceinture de cuir s’abat sur mes fesses, le « claaac » strie encore mon fessier, la douleur est vive, je me tords sous celle-ci mais vous n’en avez que faire et un second « claaac » s’abat sur moi, une nouvelle strie s’inscrit sur mon corps et vous m’ordonnez :

— Relève toi Salope !

Ce que je fis de suite et je n’avais pas mal, j’étais excitée, la douleur était là, la surprise m’avait tordu sous une mimique de douleur mais, à mon grand étonnement elle n’existait pas. A sa place ce n’était que du plaisir, mes cuisses reluisaient de celui-ci …

Puis, d’une main ferme après d’autres « claaac » vous m’avez penchée sur le bureau, le séant présenté à vous je gémissais plus encore et sans rien demander vous m’avez honorée de votre chibre. La tête fermement plaquée sur le bureau vous m’avez baisée comme jamais je ne l’ai été. Ce fut là, la plus agréable des « baises ». A grand coup de bassin, sans même prêter attention à mon plaisir vous m’avez fait jouir. Tout était là pour mon plaisir hélas, vous aviez mis un préservatif et je n’ai pu satisfaire mon envie de vous goûter. C’est la frustration que vous vouliez j’imagine …

Monsieur Jeannot, je ne sais comment vous le dire autrement qu’en employant ce mot : J’ai adoré !

Je voudrais être à nouveau vôtre, je voudrais subir vos perversions et être l’esclave de vos envies. Monsieur Jeannot, encore … »

Ludivine n’en croit pas ses yeux, Cécile, la mère de sa Cagole aurait été la … non, c’est impossible ! Elle regarde Karine :

— C’est … c’est

— Oui c’est Jeannot, notre Jeannot !

— Tu es sûre, rien ne …

— Ben oui j’en suis sûre !

— T’énerves pas, j’y suis pour rien moi !

— Je m’énerve pas, mais t’es chiante, qui veux-tu que ce soit !

— …

— T’en connais beaucoup des « Jeannot » toi, des hommes comme lui qui portent le même prénom et qui habitaient sur Toulouse avec une Audi comme voiture ?

— Non, mais ça veut rien dire …

— Arrête ! C’est Jeannot et ma mère a été sa salope soumise !

— …

— Oui comme moi et comme toi, mais c’est ma mère !!! Et pire encore … Jeannot c’est mon père !

— …

— J’ai baisé avec mon père !

— Arrête, tu dis n’importe quoi là …

— Mais regarde là, la date, je suis née le 23 Mars 1994, regarde cette putain de date !

Ludivine prend la lettre tendue, la lettre qui avait tout fait chavirer, et lit : « Mardi 29 juin 1993, pour Cécile ».

— Bon, admettons mais … mais t’en savais rien !

— Peu importe, j’ai baisé avec mon père !!!

— P’têt pas et si c’est le cas tu savais pas …

— Tu t’rends pas compte !

— Si, mais ça peut aussi être un homonyme, regarde y’a bien une Ludivine Vidivicci qui habite sur Paris, ça veut rien dire …

— Allez, calme-toi et viens là.

Karine se blottie dans les bras de sa Lulu et sanglotante elle s’apaise enfin :

— Tu crois que c’est lui ?

— Mais non ma Cagole, allez, va te coucher je vais regarder si j’peux trouver quelques choses là-dedans.

— Non, j’veux rester vers toi ma Lulu.

— Va te reposer, je te dirai si je trouve quelques choses.

Bon gré mal gré Karine se lève et part se blottir dans les bras de son Doudou.

— Tu me diras, promis ?

— Oui t’inquiète, va te reposer.

Elle quitte la pièce et se renferme dans sa chambre, se laisse tomber sur son grand lit puis enlace son Doudou bien fermement le regard tourné vers son smartphone qu’elle saisit et tapote rapidement :

« Qui est Jeannot ? »

Le message quitte la chambre, survole Aix-en-Provence et termine sa course au 8 rue Joannon Marcel Provence, dans une chambre remplie de cartons.

Cécile est tirée de ses pensées par la sonnerie de son téléphone : « Qui est Jeannot ? »

Troublée et replongée dans ses vieux souvenirs perdus, elle pianote un message, l’efface, en écrit un autre puis un autre encore. Elle le relit, le modifie et le relit à nouveau :

« Bisous ma fille, c’est un homme que j’ai rencontrée il y a des années. Pourquoi me demandes-tu ça ? »

La réponse ne se fait pas attendre :

« C’est mon père ? »

A ce message, Cécile ne peut se contenter de répondre par écrit, elle sort de sa chambre, tourne en rond dans le salon, tous ses souvenirs l’assaillent, lui reviennent en pensées puis, ne sachant quoi faire, ne trouvant pas de meilleure solution, elle se décide à appeler Karine.

Le téléphone sonne mais ne trouve aucune réponse, Karine s’en doutait, au fond d’elle, elle le savait.

Elle reste allongée là, sur son lit enlaçant son doudou si bon conseiller durant son enfance. Mais aujourd’hui il ne dit rien, il la regarde de ses deux billes noires et se tait, comme s’il était des silences bien plus bruyants qu’une foule en colère.

*

D’un bon Karine jaillit de son grand lit devenu froid, si accueillant jadis à cet instant il lui semble trop grand, trop confortable pour elle. Elle fouille dans sa penderie et en sort la robe la plus « Salope » qu’elle y trouve, un string, ses escarpins « Louboutin » et sort enfin de sa chambre pour s’engouffrer prestement dans la salle d’eau. Il est 23 heures à l’horloge, Ludivine accroupie devant le tas de papier n’a pas le temps d’esquisser le moindre mouvement, elle a entraperçu sa Cagole s’engouffrant dans une salle d’eau devenue animée.

— Karine, ça va ?

— Oui oui, t’inquiète, je sors !

— Tu vas où ?

— Je sors, faut que je m’aère les idées !

— Attends, je t’accompagne, ça nous fera du bien …

— Non ma Lulu, je dois sortir seule, j’en ai besoin !

— Euh … t’es sûre, tu veux pas que je t’accompagne ?!

— Ça ira j’te dis … Laisses moi me préparer maintenant !

— D’accord …

Vers 23 h 45 Karine sort enfin de la salle d’eau, habillée d’une robe noire très courte qui offre une vue immanquable sur sa forte poitrine à peine recouverte. Juchée sur ses escarpins, elle toise Ludivine :

— Bon j’y vais, m’attends pas !

— Mais tu vas où ?

— Je sors je t’ai dit, arrête de t’inquiéter !

— Je m’inquiète pas, je voulais sortir aussi …

— Je sais, mais là il faut que je sorte seule, tu comprends.

— Oui … oui je comprends mais bon, t’es sûre que tu veux pas que je vienne ?

— Oui j’en suis sûre, regarde un film et ne m’attends pas !

— Mais … ma Cagole …

— Et arrêtes de m’appeler comme ça steuplait !

— Hein … euh d’accord, désolée Karine.

— Merci ma Lulu.

Sans dire au revoir, elle quitte l’appartement laissant Ludivine hébétée devant la porte d’entrée.

« Enfin de l’air frais », se dit Karine en sortant dans la rue, la nuit s’est installée, tout est calme. Au loin quelques bruits raisonnent, quelques jeunes chahutent.

Elle passe devant la Rotonde et subit quelques sifflets, les mecs attablés bavent tous devant ce cul se déhanchant outrageusement, ce soir Karine a une idée en tête …

Il est un peu plus de minuit quand elle arrive enfin devant le Mistral. Privilégiée, elle ne fait pas la queue. Le physionomiste ne lui sert que de portier, elle ne se donne même pas la peine de répondre à son aimable « Bonne soirée Karine ». La transformation est radicale …

Le coin VIP est occupé par quelques étudiants déjà alcoolisés, la piste de danse est vide, comme d’hab’ à cette heure. Karine la traverse et se dirige vers le bar.

— Une Despé steuplait !

— Ah tiens Karine, ça fait longtemps, ça va ?

— Ça va merci, une Despé steuplait !

— Ça n’a pas l’air d’aller, elle n’est pas là Ludivine ?

— Non, elle est fatiguée …

— Tiens !

— Merci.

Sa bière en main, elle s’installe au bord de la piste. Les yeux dans le vague, pendant que l’alcool fait son œuvre elle se déhanche nonchalamment, la foule commençant enfin à se dandiner au gré de la musique et de la voix de Louane.

Un jeune couple profite de ces quelques pas pour s’embrasser fougueusement, les mains se baladent ici et là, s’égarent sur le fessier de cette jeune femme oubliant toutes retenues.

Après deux bières, Karine ne tenant toujours pas l’alcool, elle s’émancipe et s’affranchissant de la bienséance, rejoint ces danseurs approximatifs. Un titre puis un autre et encore un autre, le rythme s’engouffre dans les pieds de la belle, son cul bas la mesure, sa poitrine dandine et rebondit, elle aussi sur le rythme endiablé de ces beats frénétiques. Les mâles assoiffés de culs ne manquent rien de la scène rêvant d’y participer, certains osent s’y aventurer, s’y frotter, mais trois sont bien plus entreprenants, des mains s’oublient sur le séant de notre petite salope. Devant son grand miroir elle se fait peloter. De temps en temps, une fesse prend l’air, ses tétons ne rêvent que de sortir prendre, à leur tour, un peu de frais dans cette ambiance torride. Elle tend son petit cul à qui veut bien lui pétrir …

Une main lui agrippe le bras et l’attire en dehors de ce cercle devenu si obscène.

— Viens !

Son regard vert émeraude se fixe sur cet homme massif, un sbire de Ludivine …

— Laisse-moi !

— Viens je te dis, tu ne devrais pas …

— Lâche-moi ducon !

Une rixe éclate alors entre quelques mateurs excités et ce chevalier servant, Karine en profite pour s’évaporer dans ce bordel sans nom. Elle est très vite rattrapée par deux hommes, venus ici pour s’éclater entre potes.

— Salut ma belle !

— Tu prends un verre ?

— Oui, volontiers.

*

La soirée s’égrène au rythme des shots de téquila Sauza, autant dire que la fraîcheur n’est plus vraiment d’actualité. Là dans leur coin oublié par les lumières bigarrées et autres spots turbides de la discothèque, Karine assume son côté Salope et n’hésite pas à mettre en avant ses atouts et ses envies. Les deux hommes qui l’accompagnent, bien que déconcertés par cette jeune ingénue, n’hésitent plus à profiter de la situation. Leurs mains s’immiscent sur l’intérieur de ses cuisses, remontent dangereusement sur cette entrecuisse bouillante d’émois, leurs doigts osent quelques pénétrations tandis que leurs bouches s’affairent à téter ses tétons gonflés par l’envie.

A moitié dénudée, Karine agrippe les deux monts marqués sur les pantalons des deux mâles qui l’encadre. Pelotée et pelotant, notre jeune soumise se transforme en garce assoiffée de bites …

Cette zone abandonnée devient le coin VIP de son plaisir, de sa jouissance !

Habilement de ses deux mains, elle déboutonne ces deux jeans moulants. Leurs chibres enfin en main, une danse envoûtante débute, les gonflant de désirs. De bas en haut elle les branle en mordillant ses lèvres.

Jambes suffisamment écartées pour faire place à leurs doigts inquisiteurs, elle se laisse aller à ses envies et sans prêter attention à l’assemblée, qui ne peut ignorer cette jeune salope, elle suce une bite après l’autre. D’un côté puis de l’autre elle se contorsionne pour les déguster à pleine bouche …

Elle continue ses fellations, accroupie sous la table tout en branlant la bite délaissée. De sa bouche affamée elle s’attarde sur la queue de Paul, doucement elle déguste son gland puis l’enfonce délicatement profitant de chaque centimètre, sa langue caresse le corps de ce pieu dressé. Puis tout s’accélère, cette pipe si douce devient folle, elle s’acharne sur ce pauvre chibre qui ne demandait pas tant d’attention et elle s’arrête, l’abandonnant au profit de Yannick. A deux doigts de gicler dans sa bouche, Paul doit se crisper pour ne pas souiller la banquette.

Karine est devenue, à cet instant, la star d’une soirée quelconque, la star d’Aix-en-Provence. Quiconque connaît le Mistral, connaît ce moment où l’étudiante timide s’est métamorphosée en perverse dominante. Bien qu’alcoolisée Karine devint la main ferme de Jeannot …

Elle ordonna à ses deux jouets sexuels de s’astiquer pour elle et ils s’exécutèrent sans se faire prier. Devant eux, elle exhibait sa poitrine et se caressait en les regardant se branler. Puis, elle devint légèrement sadique, jouant avec leurs frustrations. Masturbation après masturbation, elle jouait avec leurs envies, elle les arrêtait à chaque fois avant de leur permettre la jouissance. Elle les poussa jusque dans leurs retranchements, leur ordonnant, au paroxysme de leur excitation, de se branler mutuellement. Encouragés par cette jeune salope ils acceptèrent cette nouvelle expérience.

Paul empoigna le sexe de Yannick et d’un mouvement hésitant commença à le masturber.

« A ton tour à présent ! », ordonna-t’elle à Yannick qui, du bout des doigts commençait à branler l’éperon de son pote.

— Vas-y fermement !

— D’accord, comme ça ?

— C’est bien, plus vite … oui, humm … j’adore !

Pour les encourager ou leur montrer leur soumission, elle frappe de quelques pichenettes leurs glands qui réagissent en se gonflant un peu plus …

Les pichenettes deviennent des gifles mais notre Karine ne veut pas leur donner le plaisir de la jouissance alors, pour arrêter leur jeu elle empoigne quelques glaçons, leur tend en leur ordonnant de les mettre dans leur caleçon mutuel.
Tel un jeu bien pervers, Paul prend la poignée tendue et la glisse dans le caleçon de Yannick qui en fait de même.

— Parfait, notez vos prénoms et numéros de téléphone sur ce papier !

Karine, en bonne dominante s’affirme et impose ses décisions.

— Maintenant vous allez rentrer chez vous, est attendre bien sagement mon appel, en attendant, ceinture !

Elle se lève, les toise en se réajustant et leur tourne les talons, fière de ce qu’elle venait de faire.

Ce soir-là, Karine venait de prendre le contrôle, elle n’allait pas être comme sa mère, aujourd’hui, elle avait décidé de devenir Madame Karine …

*

Le lendemain elle appelle au domicile du vieux Jeannot parti sur Paris pour des examens. Elle lui avait laissé le message qui deviendrait les derniers mots entendus par Jeannot.

« C’est Karine, je viens d’apprendre que tu pourrais, peut-être, être mon père … que ma mère, Cécile aurait été une de tes nombreuses soumises. Tu nous as sans doute oubliées, mais sache que tu as baisé ta fille et que tu as aimé la soumettre à tes vices !!!

Ne me dis pas que tu ne le savais pas, tu es un vieux porc, tu me dégoûtes…

Je ne veux plus jamais te voir, tu m’écœures !!! »

Elle raccroche, au bord de la nausée, puis rappelle sa mère :

— Coucou maman, ça va ?

— Coucou ma fille, je me suis inquiétée, oui ça va merci …

— Tu m’as appelé hier soir, tu voulais me dire quelque chose ?

— Euh … oui, mais ce n’est pas par téléphone qu’on parle de ces choses-là, vient à la maison.

— D’accord, je suis là dans 30-35 minutes.

Elle raccroche, enfile un vieux jean, une vieille chemise et rejoint Ludivine dans la cuisine.

— Ça va Karine ?

— Oui ma Lulu, très bien merci.

— Tu es sûre ?

— Très sûre oui.

— Tu as été où hier soir ?

— Au Mistral, mais tu le sais déjà non ?

— Oui, et tu n’as rien à me dire ?

— Non, absolument rien qui ne te regarde ma Lulu !

Choquée par cette réponse, Ludivine perd pour la première fois ses mots, elle esquisse quelques mouvements de lèvres mais aucun son ne sort.

— Bon, je dois allez voir ma mère, ad’taleur ma Lulu !

— Tu es sûre que ça va Karine ?

— Oui, t’inquiète pas, je t’expliquerai tout en détail, promis.

— Promis ?

— Oui ma Lulu, t’inquiète.

— Ok …

Karine se lève et quitte l’appartement en chopant au passage, sa vieille veste.

Sur le trajet elle croise des regards inquisiteurs qui l’amuse. Savaient-ils qu’aujourd’hui c’était une Karine transformée qu’ils croisaient ? Fière d’elle, sa démarche est affirmée, droite comme un « i » elle transperce la foule. Usuellement, elle baisse le regard, mais là, son regard est droit et n’hésite pas à fixer celui des passants croisés …

Arrivée devant la maison de sa mère, elle prend une grande inspiration et rentre, comme chez elle, après tout c’était aussi un peu chez elle :

— Bonjour Maman, tu es là ?

— Oui ma chérie, dans la cuisine !

— Ça va ?

— Oui ma Krikrine, il faut qu’on parle, tu veux un jus d’orange ?

— Je veux bien oui.

La conversation dure des heures…

Cécile explique à Karine qui est Jeannot, mais rien de ce qu’elle lui dit n’affirme ou n’infirme ce qu’elle pensait, seul Jeannot pourrait dissiper le doute. Cécile avoua que ce Jeannot était bien le père de Karine mais que pour différentes raisons, ils avaient dû cesser leur relation : Jeannot avait une femme et deux enfants …

Bref au final Jeannot versait tous les mois de l’argent sur un compte ouvert au nom de Karine, le deal était simple : Cécile ne devait jamais rien dire et Karine pourrait profiter de cet argent dès ses 22 ans. Ne sachant que faire, elle a accepté en imaginant que cet argent pourrait subvenir aux besoins de sa fille …

Au final, rien dans cet échange ne permettait à Karine d’être sûre que son Jeannot était le Jeannot de sa mère, jamais il ne lui avait parlé de son passé et même Ludivine ne le connaissait pas.

— Ton père n’était pas un homme bon.

— Je sais maman et je ne t’en veux pas, je comprends.

— Merci ma fille.

— Tu as toujours été là pour moi, et maintenant c’est mon tour, je t’aime ma maman.

— Je t’aime ma fille.

Karine, les larmes aux yeux enlace sa mère qui, depuis bientôt 22 ans, a tout donné à sa fille, allant jusqu’à oublier sa vie de femme …

*

Deux jours après, Ludivine et Karine étaient là, sur le bord de cette route, chemin vers l’échafaud pointant cet arbre devenu le meurtrier d’un vieil homme qu’elles avaient eu le bonheur de connaître.

Les mots avaient dépassé l’émotion de Karine, ce n’était que des mots se disait-elle, mais ces mots avaient eu l’impact que l’on connaît. Ces quelques phrases criées sur un répondeur avaient sonné le glas du vieil homme …

***

FIN.

Sommaire

Aux services du vieux pervers, Chapitre 1 : Une rencontre

Aux services du vieux pervers, Chapitre 2 : Initiation perverse

Aux services du vieux pervers, Chapitre 3 : Karine, une salope soumise ?

Aux services du vieux pervers, Chapitre 4 : Exquise punition

Aux services du vieux pervers, Chapitre 5 : Marquis !

Aux services du vieux pervers, Chapitre 6 : Jeannot

 

Note de l’Autrice :

Cette histoire est une fiction (Ou pas…) volontairement libérée. Toutes les scènes décrites dans La visiteuse, ne représentent pas la vision du sexe par les femmes. Chaque femme est libre d’explorer sa sexualité selon ses envies. Merci de respecter les femmes, nous sommes si douces et si belles, et surtout nous sommes douées de conscience 😉

 

Retrouvez toutes mes histoires érotiques dans ma rubrique Kmille raconte.

Retrouvez la préquelle des aventures de Karine dans Lutte des classes.