L’ innocence de Fanny par Auxane d’Aumale
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Elle a 20 ans et s’appelle Fanny.
Son prénom, elle le doit à Pagnol dont ses parents ont vu et revu les films, à défaut d’en lire les livres. La lecture a peu de place dans le lourd travail d’agriculteur.
Fanny est la cadette et la seule fille de la famille, avec ses quatre frères qui l’ont toujours traitée plutôt rudement.
Son père et ses frères travaillent dur à la ferme familiale, et Fanny se sent souvent comme le dernier chaton de la portée, probablement abandonné par sa mère dès demain.
Ecartée du laborieux carcan rural, elle n’a aucun but dans la vie. Elle passe ses journées oisives à se promener dans la campagne provençale.
Extérieurement, elle n’a rien pour plaire : une robe quelconque, grise et usée, stricte et informe, héritée de sa mère.
Elle n’a rien d’un mannequin, avec ses cheveux longs pas soignés, ébouriffés, et sans la moindre trace de maquillage sur son visage.
Pourtant, si un jour un homme s’intéressait à elle, il s’émerveillera sûrement des trois superbes atouts physiques de Fanny : ses yeux, splendides et expressifs, avec un petit éclat scandaleux bien caché dans le fond. Ses jambes aussi, bien proportionnées, merveilleusement galbées, mais malheureusement isolées des regards sous l’étoffe ingrate de sa robe, tout comme son troisième atout : ses fesses, qui sont tout simplement parfaites. Elle les contemple longuement dans le miroir de la salle de bains, lors de sa toilette matinale. Elle est carrément hypnotisée par ce qu’il convient d’appeler son joli petit cul.
Et tous les jours, elle recouvre cette merveille d’une morne culotte blanche en coton Petit Bateau, certes confortable, mais décidément pas sexy.
Le dessous typique de l’innocence …
La seule fantaisie vestimentaire de Fanny, c’est de ne jamais avoir de soutien-gorge. Non pas pour aguicher un quelconque prétendant, mais sa poitrine, si menue, ne nécessite aucun soutien, et le sous-vêtement serait purement décoratif, ce qui ne fait pas partie de la philosophie familiale.
Et ce détail vestimentaire pose continuellement problème à Fanny: sans qu’elle sache pourquoi, ses seins sont tellement sensibles à la moindre caresse, même celle d’une brise légère, que ses tétons se dressent à faire éclater son corsage, avec la régularité du clocher du village sonnant inexorablement toutes les demi-heures.
Fanny erre donc quotidiennement sur les routes de campagne pour d’interminables balades sans destination. Et à chaque fois, elle coupe à travers les champs de blé, s’y arrête, s’y assied puis s’y allonge, disparaissant complètement du paysage. Elle est cernée par les épis mûrs et surchauffés, dans cette ambiance et ces odeurs oppressantes.
C’est à ce moment-là que la jeune fille quelconque opère sa mutation : en manque du petit ami qu’elle n’a jamais eu, elle laisse vagabonder son esprit, des fantasmes fleurissent, des images d’une rare obscénité défilent devant ses yeux. Peu à peu, elle se transforme en diablesse.
Isolée dans sa bulle sexuelle, elle relève sa robe et perd le contrôle de ses mains qui virevoltent sur son corps, pour finalement se rejoindre par-dessus la petite culotte de coton sur la zone chaude et moite au centre de sa personne.
Ses fantasmes, elle en puise l’origine dans ces vieux films à l’eau de rose que la famille, au grand complet, regarde à la télé le dimanche après-midi, après le poulet rôti traditionnel. Aucune alternative : Internet n’est pas encore disponible dans la région, et même si c’était le cas, la famille, travailleuse comme une colonie de fourmis ne se raccorderait pas. Pas question donc de lire des textes érotiques ni de visionner des films pornos. Mais ce n’est pas un handicap pour Fanny : elle est tellement imaginative qu’elle n’a aucun mal à créer ses fantasmes de toutes pièces, à les faire durer des heures pendant que ses doigts, passés sous la petite culotte de coton, chipotent son triangle de duvet, plongent à l’abri de son jardin du plaisir, se mettent en mouvement, la font mouiller, haleter et jouir à longueur d’après-midi.
Elle a trois fantasmes favoris dans son box-office personnel. Elle se les repasse en boucle, en les peaufinant systématiquement, et en y ajoutant à chaque fois l’un ou l’autre détail encore plus torride que le précédent.
La palme d’or de ses rêves sexuels a pour personnage central un détective privé dans un polar de série B, la quarantaine, marié, dont Fanny est la secrétaire et accessoirement la maîtresse et la bête de sexe. Le limier correspond à l’idéal masculin de Fanny : une coupe de cheveux à la James Dean, un regard bleu acier et un comportement de macho italien. Le détective est à ce point un raté qu’il n’a pas le moindre client. Tous les matins, en espérant l’arrivée d’une hypothétique affaire à traiter, il feuillette rapidement le journal du jour, puis il occupe le reste de sa journée à « sauter » sa secrétaire de toutes les façons imaginables. Ou inimaginables. L’homme est doué d’une créativité débordante pour imaginer des jeux sexuels qu’il expérimente sur Fanny. Aujourd’hui, il a complètement dénudé sa secrétaire, l’a couchée sur le dos à même son bureau, de façon à ce que sa tête pende dans le vide, et après quelques caresses furtives et maladroites, il enfonce sa verge dans la bouche de Fanny, qu’il empale jusqu’à la garde. En se penchant en avant, sa main, armée de la matraque reçue d’un ami policier à la retraite, laboure le sexe de Fanny qui est secouée comme une poupée de chiffon, tâchant d’absorber le mieux possible les sollicitations de son corps. Le macho finit par se vider dans la bouche de sa secrétaire, en longues saccades ponctuées de hurlements de bête. C’est précisément à cet instant que la porte s’ouvre pour laisser apparaître une bourgeoise BCBG qui s’avèrera être la première cliente à lui confier une enquête. Une affaire d’adultère : un homme qui trompe sa femme avec sa secrétaire. Evidemment.
Un autre fantasme favori de Fanny est une superproduction tournée en Asie. Fa-Ni est une jeune femme vivant avec sa famille dans un village au fin fond du Vietnam.
Lors d’un énième raid de l’armée américaine, elle est faite prisonnière, enlevée à sa famille et offerte par la troupe au commandant de compagnie pour lui servir de jouet sexuel. Le GI en question est la caricature typique du Yankee dans son bel uniforme, dont Fa-Ni tombe éperdument amoureuse tandis qu’il lui fait subir les derniers outrages. Avec son plein consentement, le soldat la met à disposition des pelotons qui s’illustrent dans les escarmouches de cette interminable guerre. Elle devient la prostituée du campement, souvent sollicitée par plusieurs hommes en même temps. Ces joutes torrides endurées toute la journée ne lui déplaisent pas, mais s’effacent de sa mémoire dès qu’elle retrouve le commandant dans son bel uniforme. Uniforme que celui-ci quitte prestement pour assouvir ses pulsions sexuelles avec Fa-Ni.
La troisième fantaisie de Fanny est celle qui la trouble le plus.
Six jours par semaine, elle est en charge de l’entretien d’un manoir. Le châtelain est un célibataire endurci, dont les yeux de renard ont immédiatement repéré les jambes et le postérieur de Fanny. Son employeur lui a fait faire sur mesure un uniforme de gouvernante, avec la robe noire, le tablier et le bandeau en dentelle blanche. Il a par contre été intransigeant lors de la prise des mesures pour la robe afin que celle-ci soit outrageusement courte. Au moindre mouvement, Fanny, devenue soubrette sexy, offre à la vue de tous ses jolies jambes et la plus grande partie de ses délicieuses fesses. Les cinq premiers jours de la semaine sont affectés au nettoyage des nombreuses pièces du manoir. Le sixième jour, le samedi, est particulier. Fanny nettoie et prépare la salle de réception pour la grande fête organisée chaque semaine par le propriétaire des lieux : des agapes dantesques mélangeant orgie sexuelle et cérémonie BDSM. Fanny astique soigneusement la salle, le mobilier et tous les accessoires dont certains ont l’air particulièrement cruels sans que Fanny ne sache précisément à quoi ils servent avant de les voir en action. Le soir, avant l’arrivée des invités, il lui est demandé d’enlever tous ses vêtements pour ne garder que des escarpins aux talons vertigineux, des bas stay-up et un gros bâillon-boule qui lui bloque la bouche et la parole. C’est donc nue et silencieuse que Fanny assure toute la nuit le service des boissons et amuse-gueules, en passant avec son plateau parmi des gens encastrés les uns dans les autres dans des assemblages improbables et d’autres, occupés à s’acharner comme des fous avec cravaches et fouets sur des corps attachés et consentants. Il n’est pas rare qu’en fin de nuit, le châtelain offre Fanny et son joli petit cul aux amateurs qui se réjouissent d’en abuser jusqu’aux premières lueurs matinales.
Si un jour vous croisiez Fanny sur une route de campagne, jamais vous n’imagineriez les scènes torrides qui hantent sa tête et les recoins les plus secrets de son corps.
Si d’aventure vous êtes détective, soldat ou châtelain, un bon conseil : fuyez à toutes jambes ! Ou pas …
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Histoire coquine écrite pour le concours – Les dessous de l’innocence avec Stella Tanagra
Retrouvez toutes les histoires coquines d’Auxane d’Aumale sur son blog : Auxane d’Aumale.
Il va falloir que je parte à la recherche de Fanny 🙂
Merci pour ce très beau récit. Très belle plume, très excitant.