L’échappée sensuelle par Faffwah

 

***

Nadège referma le livre. Le souffle coupé.

Ce roman que lui avait fait passer une connaissance l’avait passionnée et son identification à Tilda lui avait sauté aux yeux. Alors, non, elle n’était pas la femme d’un soldat toujours en mission. Mais son mari, cadre dirigeant d’un grand groupe était en permanence entre deux avions, deux fuseaux horaires. Elle n’était pas non plus dans un manoir mais dans un immense duplex Rive Gauche.

Le résultat était toutefois le même. Délaissée pendant de trop longues périodes, Nadège avait, faute de mieux, laissé libre cours à une libido imaginaire, nourrie essentiellement de lectures érotiques glanée sur des blogs. Ce qu’elle avait découvert via les réseaux sociaux et les diverses Sexploratrices qu’elle suivait la laissait rêveuse et un peu envieuse. Mais ce roman quand même !

L’auteure semblait avoir calqué son récit sur son existence à elle à un détail près. Son mari, disposant de moyens colossaux, lui interdisait de travailler. Ses journées se passaient donc à l’entretien de la maison et à la lecture, à l’exclusion de toute autre activité. Et ce handicap social commençait à lui peser. Il y avait bien cet homme avec qui elle discutait sur messagerie mais jamais au grand jamais elle n’aurait envisagé quoi que ce soit avec lui. Jusqu’à cette lecture.

Nadège se donnait maintenant du plaisir en s’imaginant le retrouver et  s’abandonner à ses baisers et caresses. Elle se voyait perdre ses doigts dans la toison de son torse tandis que d’une main douce mais autoritaire il s’emparerait de son sexe qu’un léger triangle brun surmontait. Les délires masturbatoires de Nadège l’emmenaient ensuite bien plus loin, alors que de trois doigts de sa main droite elle fourrageait dans sa chatte et que de la gauche elle appliquait fermement le Satisfyer sur son clitoris.

Dans son imagination, son correspondant remplaçait avantageusement ses doigts par une bouche gourmande et avide qui, tantôt aspirait son bouton, tantôt passait une langue râpeuse et agile sur ses lèvres du bas, quand il ne la dardait pas dans son con détrempé. Puis, se redressant et prenant ses jambes bien haut sur ses épaules, le bel homme présentait sa queue raidie par le désir à l’orée de son sexe pour s’enfoncer en elle d’une poussée rectiligne et irrésistible avant d’entamer de puissants va-et-vient qui la rendaient folle.

Cette image chavirait Nadège qui accélérait le mouvement de ses doigts et cliquait nerveusement sur les boutons de son jouet afin de trouver le mode qui finirait de l’envoyer au septième ciel. Et, invariablement, son imagination et ses caresses finissaient par la terrasser d’un violent orgasme qui la laissait pantelante et ruisselante …

Image d'illustration - Kmille assise jambes croisées

Kmille joue les ingénues

Et puis ce message. Un déplacement professionnel l’amenait à séjourner quelques jours dans la capitale. Il lui avait donc proposé de la voir autour d’un café dans un premier temps, avait-il précisé. Gentleman, il ne voulait pas effaroucher Nadège qu’il avait devinée peu experte dans le domaine extra-conjugal.

Il n’en demeurait pas moins que, depuis cette annonce, elle était dans tous ses états, plongée dans un abîme de perplexité. Oui, elle avait envie de le voir. Mais n’était ce pas trahir son mari ? Et si le déplacement de ce dernier était écourté ? L’idée d’être prise sur le fait comme dans un mauvais polar la terrorisait.

Et il y eut ce mail. Laconique « Imprévu de dernière minute. Je dois rester une semaine de plus à Singapour. Bises ». Nadège était révoltée. Cette fois l’homme de sa vie, ou du moins celui qu’elle avait imaginé l’être, n’avait même pas pris la peine de s’excuser. La messe était dite. Un message à son virtuel ami : « Avec plaisir pour le verre. Où ? Quand ? ». Ils convinrent de se retrouver dans les salons du Train Bleu dont l’atmosphère feutrée siérait à leurs premiers mots. La réservation fut faite au nom évocateur d’Antoine.

*

Le jour J arriva vite. Nadège choisit une robe colorée qui soulignait ses formes et suggérait d’y prêter attention. Son mari n’y avait pas plus accordé d’attention que ça, contrairement au reste de l’assistance, lorsqu’elle l’avait étrennée en sa compagnie. Elle se dit donc qu’à tout prendre, autant en faire profiter son virtuel amant. Nadège en eut le rose aux joues à cette perspective. Une fois sur place elle se rendit à l’accueil, le cœur battant. Une hôtesse la guida. Il était déjà là. Presque plus séduisant habillé que sur les photos NSFW qu’il avait pu lui envoyer. Un simple t-shirt blanc, un pantalon mi habillé mi Sportswear dessinaient à merveille une carrure qui devait probablement moins devoir à la manipulation de fonte qu’à la pratique de toute une panoplie d’activités de plein air, comme l’attestait son hâle précoce pour la saison. Il sourit. Un sourire à la fois carnassier et enjôleur. Nadège se sentit fondre. Littéralement, tant l’humidité de son sexe poissait sa culotte. Ses jambes tremblaient un peu.

— Viens t’asseoir.

Et il tapota légèrement la banquette à côté de lui, toujours le sourire aux lèvres. Elle s’imagina brièvement qu’elles s’écrasaient sur les siennes et rougit tout en obtempérant comme dans un rêve. Ils étaient désormais assis côte à côte, presque à se toucher. C’était un festival polysensoriel : Nadège ne parvenait pas à détacher ses yeux de lui et elle avait les narines pleines de l’eau de fleur d’oranger qui émanait de lui. Elle adorait ces notes hespéridées qui lui allaient si bien.

— Ça va ? Tu es toute rouge. Je te commande un rafraîchissement.

Comme par magie, un seau à champagne et deux flûtes firent leur apparition sur la table …

La fraîcheur de la boisson rasséréna Nadège en même temps qu’elle lui tournait légèrement la tête. Alors, quand il approcha ses lèvres, elle lui tendit les siennes pour un baiser voluptueux. Il glissa ensuite sa bouche dans son cou, y laissant une traînée brûlante qui l’électrisa. Nadège se sentait couler tant elle avait envie de cet homme. Le devina t il ? Une main impérieuse écarta ses genoux et remonta inexorablement vers son sexe. La culotte humide fut habilement roulée sur le côté des lèvres, gonflées de désir, qu’il commença à caresser très légèrement.

— Et si quelqu’un arrive ? Si …

— Le service est très discret ici. Et quand bien même …

Vaincue par cet aplomb, Nadège se laissa aller, écartant ses jambes autant que le lui permettait le tissu de sa robe. Il appuya ses caresses, commençant à fouiller son sexe de deux doigts joints qu’il faisait coulisser en prenant bien soin de stimuler la zone G. Nadège perdait pied peu à peu. Et c’est presque mécaniquement que sa main commença à s’affairer sur le zip de son amant dont elle libéra la turgescence.

Un instant presque Infini s’écoula durant lequel Nadège s’émerveilla des proportions du membre désormais dressé devant elle. Il était d’une rectitude sans faille et des veines saillantes en ornaient la hampe. Le gland violacé lui fit penser, dans sa rondeur, à une prune. Elle eut envie de gober ce fruit qui ondulait près de son visage.

— Ooohhh ! Doucement …

Nadège ne l’entendait plus et jeta sa bouche en renfort des assauts qu’elle menait contre le donjon de chair. Elle en désirait plus que tout la reddition et l’avala donc d’un trait, jetant son visage quasiment contre le ventre de l’homme.

Nadège s’immobilisa avant de doucement le libérer. Ne gardant que le gland entre ses lèvres. Puis elle le reprit, profondément. Elle se goinfrait égoïstement de ce beau sexe, creusant ses joues d’une aspiration féroce qui le faisait gémir. Elle le sentait à sa merci et accentua le ballet de sa langue et de sa bouche. Elle reçut finalement le flux chaud et salé des saccades de l’homme comme la juste récompense de ses efforts et le plaisir embrasa à son tour son ventre. D’une langue gourmande elle finit de nettoyer le membre qui mollissait doucement avant de planter son regard vainqueur dans les yeux de son amant.

— Tu es une diablesse ma belle. Mais nous n’en sommes qu’au premier round. J’ai d’autres atouts dans ma ma manche. Fais voir ta main quand même.

Le choc avait fait sauter la pierre de son alliance. Elle regarda le chaton vide comme un signe d’une liberté retrouvée, fût-ce dans la clandestinité.

— J’en ai tout autant à ta disposition. Ne perdons pas de temps.

Son autorité les surprit. Ils sourirent et se levèrent. Pressés d’en découdre à nouveau …

***

Histoire coquine écrite pour le concours – Les dessous de l’innocence avec Stella Tanagra

Retrouvez toutes les histoires coquines de Faffwah sur son blog : Au bout du clavier.