De Bartholin à Sainte Cyprine par Kalouloute Garou : partie 2
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Catherine était la présidente d’un club de catherinettes. Une association de filles célibataires dont les rondeurs les catapultaient sur les coups foireux. Elles ne se frottaient le chaton qu’avec des vieux mecs relous, des immigrés en quête d’un coup sans lendemain pour se sentir intégrés le temps d’une soirée. Elles donnaient dans le mélo black-beur-zone. Membre à vie des weight-watchers, elles avaient de l’envie et de l’amour à revendre entre elles.
Elles n’étaient pas pour autant tombées dans le lesbianisme faute de plaire à des beaux mecs, gentils, friqués. Leur association organisait des séjours week-end dans des clubs privés ou des soirées balloches en Auvergne ou le Morvan afin de faire des rencontres. Les résultats étaient calamiteux. Elles rentraient déçues, désabusées par l’enjeu de trouver l’âme sœur ou abusées par un abruti de service ayant poussé trop fort le bouchon.
Pesant en moyenne 80 kilos, certaines avaient un visage agréable. Mais trop de désillusions les amenaient à se rattraper sur les gâteaux, les bonbons, les chocolats. Tous produits à vous faire gonfler jusqu’à la démesure le ventre, les cuisses, les fesses, les seins, les bras et à vous donner des mains, des cous et des pieds adorablement potelés.
Certaines avaient été abandonnées par un connard cherchant le mariage blanc, ou fait croire trouver la rédemption en un cœur libre et un corps moche. Elles en avaient gros sur la patate et des envies entre les cuisses à s’envoyer en l’air sans limites. Quelques-unes, mères célibataires malgré elles se devaient d’assurer l’ordinaire et le quotidien avec un deux voire plus de mioches à nourrir. Aucune était fortunée. Leurs fins de mois sentaient la bourse vide ; leur quotidien et leur lit aussi.
C’est à la machine à café que Pauline a entendu une fille parler d’une offre lancée par une société pour acheter de la « liqueur de femme ». Sans vraiment de suite dans les idées elle a noté le nom du site : De Saint Bartholin à Sainte Cyprine. Pas du genre à bloguer sur le sexe, Pauline a fait une internet visite pour se rendre compte que ce n’était pas une blague.
D’abord de son Smartphone puis après à la terrasse d’un café elle a briffé Catherine. Vanessa était là elle aussi rameutée par Catherine. Toutes les trois, vaccinée des mauvais coups ont senti l’affaire intéressante. L’association des Catherinettes pourrait fournir la société « de Saint Bartholin à Sainte cyprine » en liqueur de femmes. C’est en donnant des explications complémentaires que Vanessa a compris le deal. Elle a moins souri du visage mais en elle il y a eu une sorte de pétillement. Quelque part du côté de son bas ventre.
L’Assemblée générale qui a suivi dans les trois semaines a été rondement menée. Invité d’honneur pour lancer ce nouveau projet : Mickaël.
Il a vite déchanté quand il a vu l’empilement de cageots dans les rangs fournis de la salle municipale de St Maur les Fossés. Faisant contre future fortune mauvais cœur, pas à prendre ; il en a pris son parti. « C’est pas avec une de ses futures salariées ou sous-traitantes qu’il irait folâtrer » croyez-moi !
Les deux parties se sont mises d’accord sur les conditions, les livraisons, leurs fréquences, les volumes attendus, les équipements nécessaires et le prix. C’est là que les questions de la salle ont fusé. «
— Comment, un litre par semaine mais on est pas des pompes à huile ?!
— Quoi, pas de sperme ou autre corps étranger sinon c’est refusé ?
Catherine a rectifié :
— Bon les filles c’est du business faut être sérieuses !
Puis elle a jouté
— Mouiller pour du fric c’est se donner du plaisir deux fois.
L’affaire était emballée. La présidente avait conclu le marché, le patron était reparti en laissant le matériel de base ; des poires de lavage, des pipettes, des flacons, des sextoys et des solvants stabilisant pour conserver la liqueur de femme entre sa collecte et son arrivée à St Cyprien dans les PO. Une somme de 1000 Euros serait versée à la première livraison d’un litre de liqueur de femme.
C’est le lendemain matin, un samedi que toutes les filles qui ne travaillaient pas ont commencé la collecte. A l’aide d’un Paperboard, Catherine a rappelé les règles, les enjeux. Elle a esquissé un schéma définissant le mode opératoire pour produire et stocker de la cyprine. Les 15 filles présentes ont noté, pris le matériel et le guide opératoire et répété les consignes, pas de mecs, beaucoup d’hygiène. Se caresser le minou toutes les trois heures minimums afin d’obtenir des quantités importantes à elles toutes. Enfin chacune devait s’épiler pour éviter que des poils de cul soient associés à la divine liqueur.
L’après-midi et en soirée à nouveau 10 puis 7 autres filles membres étaient briffées et se préparaient à entrer en branle. Toutes, celles du matin incluses, devaient faire un relevé dimanche soir de la quantité prélevée. Catherine avait annoncé sans trop bien savoir que :
— Plus tu te caresses souvent et plus tes glandes de Bartholin à l’entrée de ton vagin vont produire. Après, il faut être bien régulière et comme pour les tétées ou le tire-lait, il faut le faire aussi la nuit.
Le dimanche soir, c’était la cata’. La moitié des donneuses n’avait rien prélevé, pas une goutte. D’autre avaient quelques malheureuses gouttes. D’autre encore n’en pouvaient plus et frôlaient la crise de nerfs. Enfin quelques-unes n’avaient plus de batteries dans leur sextoys. L’une d’elle affirmait également qu’elle avait eu beau s’épiler le pubis, elle ne produisait pas plus …
C’était la Bérézina. Catherine appela le boss qui, de son côté, lui rappela ses engagements. En effet, il y précisé que selon la clause 17 du contrat, il faudrait rembourser le matériel avancé par la société. En d’autres termes, les catherinettes devaient 1500 Euros à la société « de Saint Bartholin à Sainte Cyprine ».
Devant l’ampleur de la déconfiture, Catherine donna des consignes. Demain, vous vous mettez toutes en arrêt maladie et vous augmentez les cadences. Réunion mercredi soir pour faire le bilan. Si vous avez des copines, non membres, vous pouvez les associer ; à 1000 Euros le litre vous allez trouver preneuses.
Dans tout St Maur la nouvelle circula chez la gente féminine. Quelques retraitées de la fonction publique ou du sexe qui est aussi une fonction publique, rappliquèrent. Mais c’est Odile qui remporta le pompon. Sa recette de grand-mère faite d’une tisane de fenouil, d’ortie, de salsepareille, de peau de radis noir et de graines de sésame bouillie fit merveille. Réalité ou placebo, les filles qui en buvaient mouillaient plus. Les arrières boutiques de pharmacien ainsi que les jardins furent pris d’assaut.
Le litre de tisane qu’il fallait boire chaque jour coûtait dans les 5 Euros. Mais vite, des petites malines créèrent de l’inflation et un commerce de tisane s’était mis en place à côté des frotteuses de minou. St Maur semblait pris d’effervescence entre celles qui battaient la campagne pour trouver les ingrédients de la tisane et celles qui nuit et jour se caressaient la chatte et prélevaient les précieuses gouttes de liqueur de femme.
Le chef-lieu de canton semblait bruire de cette nouvelle activité, au café les mecs voyaient que leurs femmes, même parmi les plus jolies, semblaient se désintéresser de leurs maris. A la fin de la première semaine, l’Association des Catherinettes comptait 50 membres, toutes donneuses. La première livraison eut lieu.
Les premiers billets de 10 ou 20 Euros reçus redonnèrent du courage aux novices et aux asséchées du vagin. En l’espace d’une quinzaine, des mères avaient embauchées leurs filles, au lycée une association de donneuse s’était constituée. Elle s’appelait « eau de lycéenne ». Cette asso’ avait pour but d’éviter que le précieux liquide ne soit détourné par les mères « abusives ». St Maur avait les Fossés remplis de liqueur de femme.
La gente masculine était restée en dehors. Seuls quelques-uns avaient noté moins d’enthousiasme conjugal à la bagatelle. Les jeunes adolescents sentaient les filles encore plus lointaines. Du côté des retraitées, les sourires s’affichaient sur la place du marché quand les commères avouaient leur renaissance et leurs exploits de productrices d’eau de jouvence. La directrice de la Maison de retraite avait rencontré Catherine cherchant à occuper utilement ses pensionnaires féminines …
Catherine tenait une comptabilité des apports des membres de l’Association et notait que presque toutes produisaient de plus en plus. Elle avait ainsi repéré quelques championnes qui allaient, à ce rythme-là, devenir des fontaines de liqueur de femme. Elle se disait : Condom est la capitale du préservatif, St Maur des Fossés capitale de la masturbation féminine.
La liqueur de femme se vendait comme des petits pains. Mia réussit même à en fourguer au Vatican ; c’était lors d’un voyage en bus … Le Maire de St Maur des Fossés voyait que les ménages s’enrichissaient par je ne sais quel prodige. Dans la rue, les filles étaient souriantes, surtout les plus obèses. A la maison de retraite et au lycée, l’ambiance féminine était enjouée. Les rides s’effaçaient, les boutons d’acné aussi …
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À suivre …